Royaume-Uni : un prédicateur condamné pour avoir manifesté devant une clinique réalisant des avortements
Un prédicateur chrétien a été condamné par la justice britannique pour avoir manifesté près d'une clinique où sont réalisés des avortements, ses soutiens dénonçant vendredi une atteinte à la liberté d'expression.
Stephen Green, 72 ans, a manifesté le 6 février dans la zone tampon de la clinique MSI Reproductive Choices située à l'ouest de Londres.
Ces zones ont commencé à être mises en place début 2023 en Angleterre et au Pays de Galles, des femmes s'étant plaintes d'intimidation et de harcèlement de la part de militants anti-avortement. Il est ainsi interdit de manifester contre l'avortement dans ce périmètre.
Le prédicateur brandissait une pancarte avec un verset de la Bible: "C’est toi qui m’as formé les reins, qui m’as tissé au ventre de ma mère".
Lors du procès, le 19 janvier devant le tribunal d'Uxbridge à l'ouest de Londres, il a nié manifester contre l'avortement mais expliqué protester contre l'existence des zones tampon. Il avait alors plaidé non coupable et mis en avant la liberté d'expression.
Le tribunal l'a jugé coupable jeudi d'avoir enfreint l'ordonnance de mise en place de la zone tampon autour de la clinique. Il a été condamné à payer 2.426 livres sterling (2.844 euros) de frais de justice.
Selon la juge, le verset de la Bible brandi par le prédicateur était "un acte de manifestation contre l'avortement", ce qui est "interdit" dans ces zones tampon.
Le prédicateur a annoncé qu'il ferait appel. "En tant que chrétien, je devrais pouvoir prier librement sur tout le territoire", a réagi Stephen Green, cité vendredi par ses soutiens du groupe Christian Concern. "Les zones tampon et cette condamnation représentent une attaque directe contre la Bible et la liberté d'expression", a-t-il critiqué.
"J'ai été condamné à payer des frais, franchement je préférerais aller en prison plutôt que payer cela à un Etat qui a interdit la Bible", a ajouté le prédicateur.
Pour Andrea Williams, le directeur du Christian Legal Centre, qui soutient le prédicateur dans la procédure judiciaire, ce jugement est "désastreux". L'effet des zones tampon "est de créer un périmètre où les versets bibliques et où la prière sont interdits". "Nous soutiendrons M. Green dans sa quête de justice", a-t-il ajouté.
Louise McCudden, une responsable au Royaume-Uni de MSI Reproductive Choices, a au contraire salué la condamnation du prédicateur, appelant à une législation au niveau national sur ces zones tampon.
La Rédaction (avec AFP)